Maïade en Sud-Gironde …..
Ainsi il y aurait une geste différente pour fêter une élection que de s’abandonner aux plaisirs lascifs d’un palace et au doux roulis d’un yacht en or massif …
Oui, une maïade dans un village au bout de notre terre de Gironde ! Maïade ou plantation de l’arbre de mai.
J’en entends déjà certains : hein ? Mais kèskecédonc ? La tradition est pourtant bien vivace dans certaines campagnes du pays d’Oc, elle a du beau et surtout du bon. J’explique !
De tout temps et en toute bio-logique, le mois de mai a représenté le renouveau : du soleil, de la végétation, de l’amour. Bref, de l’ensemble des forces de la nature. Cela a, dans nombre de cultures différentes, donné lieu à fêtes païennes, ripailles et gaudrioles associées souvent à une célébration des ancêtres et à la chasse aux mauvais esprits. Perdurent d’ailleurs le Maibaum en Bavière ou le Meyboom en Belgique.
Puis, sous la révolution et dès 1790, le sens de la plantation de l’arbre est devenu plus engagé, il devient arbre de défiance envers les puissants (arbre émeutier devant le château des nantis qui résistent malgré l’abolition des privilèges) et en 1794 enfin il se transforme en arbre planté sous la liesse populaire à la gloire des nouveaux élus lors de chaque nouvelle élection municipale. Il fixe pour les générations à venir l’esprit de la liberté et des droits de l’Homme.
Et nous en arrivons enfin à cette joyeuse cérémonie laïque et républicaine de ce début de XXIème siècle en la commune de Captieux au lieudit Rivedieu (petit clin d’œil œcuménique !)
Dès le matin, un pin nu, roi des forêts landaises, fut déposé dans le jardin du nouvel impétrant (mais oui !) sur un tréteau, attendant son habillage.
La fin d’après-midi voit arriver, outre un soleil timide mais bien présent, les villageois et la ribambelle des enfants-décorateurs en charge de l’agrémenter de mille fleurs crépons tricolores, puis, au son des fifres, les mêmes enfants, une fois l’arbre érigé et bien callé dans son trou, entourent son tronc d’une large guirlande de buis enrubannée.
Le clou du spectacle (osons !) est l’ascension de l’arbre, certes sur une échelle, de l’édile afin d’y plaquer la pancarte à sa gloire "Honneur à notre élu ".
En remerciement, l’élu honoré régale généreusement ses électeurs et amis jusque tard dans la nuit mais ceci est une autre histoire qui n’appartient qu’à ceux qui y étaient …
La tradition est à méditer car « la leçon toujours vivante du mai est le signe de l’autorité sacrée que la communauté reconnaît aux hommes qu’elle a choisis pour le représenter, la défendre et la diriger. A eux d’en être dignes… »*
Christiane pour Bordeaux Avance
* M.F Houdart in Arbres de mai, éditions Maïade